Internet a vu apparaître de nouvelles fonctions qui sont actuellement en plein développement. La fonction de Community Manager est une de ces fonctions à la mode qui ne connaît pas la crise et que toutes les entreprises cherchent à développer.
Rudy Turinay jeune diplômé d’Euromed Management est un de ces jeunes Community Manager qui s’est lancé sur la vague. Il a très tôt développé une sensibilité pour les réseaux sociaux et plus généralement pour les technologies de l’information. Il est actuellement Community Manager dans l’agence de media online Perfeo à Marseille. Merci à Rudy de nous apporter ici la vision d’un jeune Community Manager.
Peux-tu nous expliquer ce que cela veut dire d’être Community Manager? Pourquoi as-tu choisi ce poste ?
Comme souvent lorsque l’on se découvre une vocation, on ne saurait dire si nous l’avons choisie ou si c’est elle qui l’a fait… Malgré tout, en énonçant ce que ce poste représente pour moi, je vais expliquer en quoi son particularisme me sied.
Un community manager possède tout un tas de fonctions et d’attributions, mais avant tout, je dirais qu’il est le partenaire web 2.0 d’une marque. Il y est son représentant et acteur le plus actif. Véritable relais avec les communautés on et off line, il fluidifie les échanges et permet de communiquer autrement. Quand on sait que 76% des consommateurs pensent que les marques ne disent pas la vérité, on constate l’échec des modes de communications classiques. D’autant plus sur internet où l’information y circule de manière plus facile et rapide. Il est donc nécessaire de s’adapter à cette situation dans laquelle l’e-consommateur ne fait plus confiance qu’à ses pairs. La solution est donc toute trouvée, en prenant comme relais de la communication un membre influent d’une communauté.
Ce qui me plaît donc dans le community management, c’est sa dimension qui va au delà du simple aspect commercial. Le community manager enrichie sa communauté d’informations exclusives, de bons plans… Il améliore les synergies entre les membres et fait grandir cette dernière. Le community manager est de fait une veritable plateforme d’inter échanges profitables aux deux parties que sont les marques et leurs communautés.
Comment se déroule une journée type pour toi ?
Ce qu’il y a d’intéressant dans le community management c’est sont caractère vivant et évolutif. Les journées se suivent mais ne se ressemblent jamais… Cependant il y a des rituels auxquels aucune d’entre elles ne dérogent.
Sitôt mon ordinateur allumé, comme tous les employés d’agences media, je commence par checker mes emails. Je lis les différentes newsletters auxquels je suis abonné et j’en fais de même pour les différents flux RSS que je suis. Je lis les rapports de la veille et je définis le plan d’action et les objectifs de la journée.
Ensuite, également comme tous les employés d’agences media, je me connecte sur… Facebook ! Sauf que moi je n’ai pas besoin de garder mon pouce et mon index gauche sur « Alt/Tab » pour cacher ma fenêtre et afficher un écran plus sérieux lorsque le directeur de l’agence vient me saluer ! Blague à part, je ne pense surprendre personne en rappelant que Facebook est un outil de base qui permet une grande facilité en communication interne comme externe. Une fois connecté j’accorde donc une partie de mon temps en fil rouge à ce que j’appelle les « relations communautaires ». Ceci comprend le networking social, le partage de l’information, les réponses aux questions et autres requêtes…
Puis vient le tour de Twitter, qui me sert plus de source d’information que de réel support de communication. Ceci ne m’empêchant pas de publier mes quelques tweets corporate quotidiens.
Enfin je m’attaque aux forums. Je parle de forums au pluriel pour plusieurs raisons. Tout d’abord je travaille pour le compte de clients différents qui sous traitent le community management à mon agence. De plus, j’agis sur plusieurs forums pour le compte du même client. Ceci car je considère que la communauté de marque sur laquelle le community manager doit agir, ne s’arrête pas aux seuls « aficionados » dévoués et acteurs sur les forums et blogs de la marque. La versatilité des communautés sur internet me pousse en englober plus généralement les communautés « thématiques » qui comprennent également celles des concurrents ainsi que les individus ne se considérants pas comme membre d’une communauté de marque. Une fois encore je créé du contenu à fort potentiel viral en essayant toujours d’apporter un vrai plus à ces forums.
Je me charge évidemment également de la modération et de la création de contenu dans les différents blogs que je gère.
Outre les réseaux sociaux, je réserve une partie de mon temps non négligeable à la veille en utilisant les outils précédants, ainsi que d’autres tels que friends feed ou wikio
Voila pour ce qui est des tâches quotidiennes. D’autres viennent s’agréger de manière aléatoire comme les negociations/partenariats, les « campagnes de blogs », la rédaction de rapports (les fameuses « remontées terrain ») et bien sur la mise en forme de propales pour les prospects.
Quels sont à ton avis les challenges du Community Manager aujourd’hui?
Le community manager d’un point de vue individuel à un challenge qui n’est pas des moindres, à savoir impacter sur les résultats de son entreprise via une communication quasi exclusivement corporate. Toute communication « produit » étant naturellement rejetée par les tribus sur et en dehors du web.
D’un point de vue plus général je pense que lorsque l’on se revendique révolutionnaire, comme le community management le fait aujourd’hui, on se doit de sans cesse innover et apporter toujours plus. Aux community managers de faire que cette profession ne soit pas qu’un effet de mode et qu’elle s’installe durablement dans le paysage des entreprises.
Comment vois-tu l’évolution du poste de Community Manager dans le futur?
Lorsque l’on tape « community manager » dans Google, on tombe sur le blog de Vaninadelobelle… Mais on tombe également sur une certaine quantité d’offres de stage. Ces offres de stage sont un parfait indicateur de ce que le marché est aujourd’hui et de ce que le community management représente pour les agences web en France. En effet, la quantité pléthorique d’offres souligne cette tendance profonde des marques à s’orienter vers le web communautaire.
Mais si on regarde ces offres plus en détails, on se rend compte que dès qu’un individu à des connaissances dans les medias sociaux et qu’il a une convention de stage, il peut s’improviser community manager. Car ce poste est aujourd’hui en bout de chaîne, le community manager ne dispose pas d’autres outils que ceux du web 2.0. Il est donc trop souvent une sorte de modérateur « nouvelle génération » avec un champ d’action multi-support comme énoncé précédemment. Il est probable, comme souvent en Marketing et en Web, qu’il faille regarder outre-Atlantique pour connaître l’évolution future de la situation dans notre vieille Europe.
Aux Etats Unis, le poste de community manager est bien mieux valorisé car il comprend une vision plus stratégique de la chose. Pour expliquer trivialement le community manager n’est pas livré a lui-même, il dispose d’un budget et d’un véritable champ d’action on et off line. Donc si je devais prédire l’avenir de ce poste, je l’orienterais autour des points suivant :
Disparition du terme d’ « online » community manager (la vie communautaire ne s’arrête pas lorsque le community manager éteint son PC ! )
Apparition du « web communautaire » dans les stratégies globales des entreprises, y compris des TPE.
Et donc allocation de budgets plus importants pour ce pole de compétence.
Quels conseils donnerais-tu pour ceux qui veulent faire ce métier? Quelles sont les compétences requises? Comment faire pour devenir Community Manager?
Pour devenir community manager il faut être polyvalent et pluri compétant. Les recruteurs déclarent vouloir embaucher des personnes issues de formations structurantes dans le marketing ou le journalisme cela car un community manager doit avoir entre autres qualités, une aisance d’expression et une culture générale importante. Cependant un profil autodidacte peut être pertinent dès lors que la personne a un vécu et/ou une crédibilité sur le web : dans la blogosphère, sur les forums ou dans les réseaux sociaux… Ces derniers sont d’ailleurs un excellent moyen de se faire un nom et d’atteindre les décideurs.
Mon conseil est donc simple, si l’on souhaite être légitime à un poste ou on agit sur l’e-réputation, la crédibilité et la visibilité des marques, il faut certainement commencer par appliquer à soi ces techniques avec l’ensemble des outils à disposition.
Un poste complet, passionnant, en pleine évolution et qui verra certainement ses responsabilités évoluer dans le futur. Merci Rudy pour ce témoignage qui éclairera sûrement beaucoup de community manager en herbe ou créera des vocations !